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mardi 5 avril 2011

Zazie dans le métro, Raymond Queneau


Zazie débarque à Paris pour la première fois chez Tonton Gabriel. Le Panthéon, Les Invalides et le tombeau du véritable Napoléon, elle n'en à que faire ! Mais kess-qui l'intéresse alors, Zazie ? Le métro ! Et quand elle apprend que les employés sont en grève, elle leur envoie une volée d'injures. Ne contrariez pas Zazie !


Première phrase « Doukipudonktan, se demanda Gabriel exédé. »

Je crois que chez Queneau , il ne faut pas chercher une logique qui serait "logique", il n'écrit pas pour satisfaire nos attentes, mais pour engendrer une réaction. L'oralité du livre est difficile parfois mais ça marche ! Zazie est une gamine de la campagne paumée, elle parle comme "en vrai", et moi, ça m'a fait énormément rire


Morceaux choisis :
 « Tonton, qu'elle crie, on prend le métro ? - Non. - Comment ça, non ? Elle s'est arrêtée. Gabriel stope également, se retourne, pose la valoche et se met à espliquer. - Bin oui: non. Aujourd'hui, pas moyen. Y a grève. Y a grève. - Bin oui: y a grève. Le métro, ce moyen de transport éminemment parisien s'est endormi sous terre, car les employés aux pinces perforantes ont cessé tout travail. - Ah les salauds, s'écrie Zazie, ah les vaches. Me faire ça à moi. - Y a pas qu'à toi qu'ils font ça, dit Gabriel parfaitement objectif. - Jm'en fous. N'empêche que c'est à moi que ça arrive, moi qu'étais si heureuse, si contente et tout de m'aller voiturer dans lmétro. Sacrebleu, merde alors. » 

« [...] ... - "Pourquoi," qu'il disait,[Gabriel] "pourquoi qu'on supporterait pas la vie du moment qu'il suffit d'un rien pour vous en priver ? Un rien l'amène, un rien l'anime, un rien la mine, un rien l'emmène. » 

« Ca faut avouer, dit Trouscaillon qui, dans cette simple ellipse, utilisait hyperboliquement le cercle vicieux de la parabole. »   


« - Pour faire chier les mômes," répondit Zazie. "Ceux qu'auront mon âge, dans dix ans, dans vingt ans, dans cinquante ans, dans cent ans, dans mille ans, toujours des gosses à emmerder.
- Eh bien," dit Gabriel.
- "Je serai vache comme tout avec elles. Je leur ferai lécher le parquet. Je leur ferai manger l'éponge du tableau noir. Je leur enfoncerai des compas dans le derrière. Je leur botterai les fesses. Parce que je porterai des bottes. En hiver. Hautes comme ça (geste). Avec de grands éperons pour leur larder la chair du derche.
- Tu sais," dit Gabriel avec calme, "d'après ce que disent les journaux, c'est pas du tout dans ce sens-là que s'oriente l'éducation moderne. C'est même tout le contraire. On va vers la douceur, la compréhension, la gentillesse. N'est-ce pas, Marceline, qu'on dit ça dans le journal ?
- Oui", répondit doucement Marceline. "Mais toi, Zazie, est-ce qu'on t'a brutalisée, à l'école ?
- Il aurait pas fallu voir.
- D'ailleurs," dit Gabriel, "dans vingt ans, y aura plus d'institutrices : elles seront remplacées par le cinéma, la tévé, l'électronique, des trucs comme ça. C'était aussi écrit dans le journal l'autre jour. N'est-ce pas, Marceline ?
- Oui," répondit doucement Marceline.
Zazie envisagea cet avenir un instant.
- "Alors," déclara-t-elle, "je serai astronaute.
- Voilà," dit Gabriel approbativement. "Voilà, faut être de son temps.
- Oui," continua Zazie, "je serai astronaute pour aller faire chier les Martiens. ... [...] » 

« - Napoléon mon cul, réplique Zazie. Il m'intéresse pas du tout, cet enflé, avec son chapeau à la con. »


Raymond Queneau (lien vers la bio)

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